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J'aurais jamais pensé
Je pète
Jéza
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J'suis là comme un con
La chèvre
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La main verte
La Suisse
La tondeuse à gazon
La vache
Le chanteur
Le cycliste
Le goéland
Le short
Le siphon
Le taureau à bretelles
Le tilleul
Les 4 saisons
Les limaces
Les patates
Les petites graines
Les vieux
Les waters
L'herbe du printemps
Marcel
Marie Marie
Matin doux
Mon bœuf à moi
Morpion
N'importe qu'elle
Noroît
Odile
Ortie
Page grise
Papa Noël
Poêle à frire
Poisson scie
Qu'est-ce que je fais sur scène
Rhododendrons
Rockaniche
Tango d'la misère
Téléski
Tes yeux
Vacances
Vieille chanson du jeune temps





 

 



  Le siphon
(Bel Hubert / Simon Gerber)
 
 


Le vrai malheur est assez triste
Une belle fille accablée est moche
Et pour que le bonheur existe
J'ai du sortir les mains des poches
J'ai le sourire d'un gosse de pauvre 
Recevant un nouveau jouet
C'est un évènement qui s'arrose
Le lavabo est débouché.

C'est dans le siphon qu'il y avait de la colle
Des poils de tout et de chacun
Coagulés, puants, masse molle
C'est surprenant ce qu'on devient
Tous les siphons du monde entier
Ont jusque chez les gens de classe
La même particularité
De se boucher parce qu'ils s'encrassent

Inatteignable dans un coin
Ce truc en fer ou en plastique
A plus que le mixer et le grille pain
Transformé la vie domestique
Cet élément très primitif
Qui  bloque l'odeur des égouts
En fait beaucoup plus pour nos pifs
Que Chanel 5 en fait pour nous

Le siphon est aussi fragile
Qu’l'amour et la démocratie
L'eau tourbillonne et le temps file
Mais c'est l'odeur qui crucifie.
Ingratitude et ignorance
On sait le nom des généraux
Sauveur du monde et de la France
L'inventeur du siphon : zéro

Cette pure merveille attrayante
A bien sûr comme tout des défauts
Il se bouche ou il a une fente
Et dégouline sur le carreau
Comme le lama et les volcans
Il est imprévisible et vif
Quand il recrache en bouillonnant
Son trop-plein glauque et répulsif


On méconnaît malhonnêtement
Souvent jusqu'à son existence
Sans être une fois personnellement
Confronté à sa défaillance
Atteint dans son intimité
Le siphon crie au génocide
Car l’action du canard WC
Le fera mourir dans l’acide

Qui n’a jamais par maladresse
Par mégarde ou inattention
En gerbant son excès d’ivresse
Laissé tomber comme un couillon
Son nino, sa montre ou ses sous
Et c’est la fin du carnaval
Il faut aller au fond du trou  
Et plonger sa main dans l’eau sale

Cette chose inerte en apparence
A derrière son aspect figé
Une vie intérieure intense
Hydraulique et équilibrée
J’attends la sanctification
Qui un jour nous rassemblera
À la station d’épuration
Pour prier le siphon en croix

Comme dans les histoires amoureuses
Le siphon a ses haut-le-cœur               
Quand on le sent courir la gueuse
C’est bien des signes avant-coureurs
Intervenir avec vigueur
Avec doigté et en finesse
Sans laisser gonfler la tumeur
Car c’est là que le siphon blesse

Dans les situations tragiques
Après avoir crevé l’abcès
Positionner les joints coniques   
Et ajuster jusqu’à l’arrêt
En assemblant la tuyauterie
Moi le génie du lavabo
Je vois une fille qui me sourit
C’est la cerise sur le tuyau